Ré-évolution

Série de sculptures de fossiles d’hominidés et de Smilodons en résine, pigment pur, bois flotté, filet de pêche, huile sur boules en polystyrène, 2021.

Ré-évolution

Depuis de nombreuses années, je n’ai de cesse, par ma pratique de la peinture, d’interroger les fondements de ma nature humaine et ses évolutions successives. Tentant de dépasser les clivages du médium que j’utilise, je me suis engagé solitaire, sur un chemin à défricher… Je reconnais cependant bien volontiers qu’il n’existe pas de création ex nihilo et que mon travail plastique doit autant à mon imagination qu’à l’environnement culturel dans lequel elle s’est forgée.

J’ai toujours été attiré par la vie et l’art des peuples premiers. Selon moi, les deux ne font qu’un. Et c’est parce que j’ai reconnu chez eux cette similitude avec ma vision des relations inaliénables entre l’art et la vie que je les ai aimés et appréciés comme des frères humains ; une famille d’esprit.

Et je sais combien l’homme moderne les a trahis, asservis avec la volonté affirmée et réaffirmée de les annihiler, de les déposséder de cette énergie vitale qui les relie à la nature.

L’évolution a longtemps été interprété comme une progression, une valeur positive qui au bout du compte a abouti à l’homo sapiens, capable de prouesses inédites, jamais vues avant lui : le summum de la pensée et de la créativité.

Aujourd’hui, on ne peut que constater l’erreur de cette vision qui a placé l’homme moderne tout en haut de l’évolution, rétrogradant avec mépris et condescendance toutes les autres espèces (y compris celles qui l’ont précédé), au simple rang d’accessoires, de quantité négligeable ou transitoires.

Les paléontologues ont longtemps mené la recherche des origines de l’espèce humaine avec comme objectif de découvrir ce qui distingue l’homo sapiens de l’animal et mettre ainsi à jour les fondements de la nature humaine. Mais ils l’ont organisé en se plaçant du point de vue qui est le leur, à savoir l’homme moderne dans toute sa puissance…

Mais si l’on prend l’adaptation comme critère de l’intelligence et de l’évolution, on ne peut que constater le renversement de cette vision, l’homme moderne étant complètement déconnecté, voire inadapté à son environnement. A tel point qu’il met en danger l’avenir de sa propre espèce et celui de l’ensemble des espèces animales.

Il faut donc envisager un ré-évolution, un changement radical du logiciel comme on dit aujourd’hui, qui ne soit pas un retour en arrière, mais une prise de conscience radicale, une tentative ultime pour éviter la 7ème extinction des espèces qui est malheureusement déjà amorcée… replacer l’humain au sein et non au centre de la nature… chercher et trouver un autre chemin pour la nature humaine.

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